La question qui tue : « Walter Frolo, il vient d’où? »
Walter est né en Croatie (anciennement la Yougoslavie) : « J’ai grandi dans une maison, pas d’eau courante, pas d’électricité. » À l’époque, la Yougoslavie est un pays communiste. Les réfugiés économiques qui fuient vont en Italie d’abord pour ensuite se diriger soit en l’Australie, soit en Amérique du Nord : « Ils traversaient la frontière comme dans les films! Il faut que tu sois motivé! »
Les parents de Walter fuient le pays en 1964 et sont accueillis par le Canada à titre de réfugiés économiques. Walter les rejoint plusieurs années plus tard seulement, à l’âge de huit ans. «J’ai été séparé de mes parents durant cinq ans. Mes grands-parents ont pris soin de moi. Mais c’est sûr que ça laisse une trace … »
Walter retrouve ses parents à Lachute en 1967 et intègre le système scolaire. Avec l’effervescence qui précède les Olympiques de 1976, il commence à s’intéresser à la course à pied. À l’école secondaire, Walter fait de l’athlétisme et rejoint les rangs du Club de course de Lachute. Sa spécialité est le 800 mètres. « Comme Pierrette (Arseneault), je suis un coureur de vitesse! »
À partir du Cégep, Walter occupe ses temps libres à autre chose. « J’ai dérapé plus sur le party mettons! » Après le Cégep party, Walter étudie à l’Université de Sherbrooke en informatique. En 1983, il déménage à Québec : « Pour ma première job, je me suis dit que J’allais travailler au gouvernement, juste pour me faire la main. Finalement, je me suis fait une blonde, on est toujours restés à Québec et j’ai fait ma carrière au gouvernement. »
À 50 ans, lors de son examen médical annuel, après quelques décennies de quasi-inactivité, son médecin lui demande : « Ouais, monsieur Frolo, allez-vous faire quelque chose pour votre santé ? » C’est ainsi qu’il commence modestement à courir entre 5 km et 10 km par semaine.
Même si plus de trente ans ont passé, ses antécédents de sprinter l’incitent à favoriser des courses sur courte distance. En 2016, il s’inscrit à sa première course, le 5 km Prédiction de l’Université Laval puis, à la fin de l’été, au 10 km de l’Université Laval. L’année suivante, il participe au 5 km au Rendez-vous de la Santé à Baie-Saint-Paul et termine 2e dans sa catégorie. « J’étais content après la course mais quand ma blonde m’a montré la photo, je pensais pas que je pouvais être content de même! J’ai eu un bon buzz! »
Demeurant près de l’école secondaire Les Compagnons de Cartier, Walter voit à l’occasion passer un groupe de coureurs. Il sait qu’il s’agit du Club La Foulée, il en a entendu parler par son beau-frère. Mais il hésite à faire un essai. « Je savais que ça courait ben trop fort, je me disais que je serais pas capable de suivre. »
En novembre 2018, il décide quand même de s’inscrire au Club. « J’ai décidé de mettre la priorité à la course. Je veux être aussi bon que je peux l’être, en tenant compte de mon âge et mon potentiel. » Ce qu’il aime le plus, ce sont les séances d’intervalles : « La piste, c’est mon environnement! »
En mars 2019, Walter est dans l’autobus du Club et participe aux Pichous (15 km), sa plus longue distance à vie. « Au 10e kilomètre, j’avais déjà mangé deux minutes sur mon meilleur temps sur 10 km! » Deux mois plus tard, il participe à son premier demi-marathon à Ottawa : « Ce fut correct, mais il y a de la place à l’amélioration. » En septembre dernier, en raison d’un problème aux tendons d’Achille, il rate son objectif de « faire un bon temps » au 10 km de l’Université Laval : « C’est ma première année avec LF, j’apprends à doser mes efforts. »
Walter apprécie beaucoup les membres de LF : « Au début, j’ai été un mois à me dire : je comprends pas, ils sont 200 et ils sont fins tout la gang! Il y a une belle éthique au niveau des relations. Les gens sont respectueux, accueillants, ça se peut pas du monde fins de même! » Eh oui Walter, ça se peut!