PORTRAIT D'UN COUREUR - DENIS LEFEBVRE

Ils sont cinq frères dans la maison familiale à St-Félix de Valois, près de Joliette. À ce jeune âge, leur terrain de jeu, c’est leur grande cour de sable et de gazon située dans un rang à un mile du village.  Des cinq, un seul s’amuse à constamment courir, pieds nus : « J’étais bien à courir », dit Denis.

Il se sent donc en confiance lorsqu’à l’automne, lors de la rentrée scolaire, il prend le départ pour courir le mile. « J’ai eu de la misère, j’étais pas dans les meilleurs. Ça m’a replacé l’égo! »

Durant ses études, Dennis joue dans l’équipe de football (secondaire), de volleyball (Cégep) et s’adonne au ski de fond (université). Par la suite, Dennis fait du « jogging » à l’occasion.

Au début des années 80, Denis se met à courir un peu plus régulièrement mais il développe un problème aux genoux, problème qu’il traîne longtemps. Il n’est pas très satisfait du premier conseil qu’il reçoit du médecin qu’il consulte : « Les radios sont belles, tu n’as rien. Arrêtes de courir, fais autre chose! » On lui conseille ensuite des orthèses, ce qu’il fait et cela semble régler le problème.

Au milieu des années 90, sa fille fait de la course sur piste à l’école, elle a des aptitudes. Denis l’accompagne régulièrement dans les compétitions. « Je commençais à m’ennuyer un peu de regarder tout le monde courir et je me suis dit : pourquoi je ne courrais pas, moi aussi? » C’est ainsi que le « jogging occasionnel » laisse place progressivement à la course à pied plus intensive.

En 1997, Denis s’inscrit à la première édition du marathon des Deux-Rives qui a lieu dans un an et il joint les rangs du Club. Deux mois avant son marathon, Denis se retrouve avec une fracture de stress. « J’étais ambitieux, j’en faisais trop. »  Il complète tout de même le premier de ses 37 marathons en 4h10. « Le premier, j’ai ben aimé ça, j’ai eu la piqure tout de suite après. »

Au fil des ans, Denis s’améliore et baisse constamment ses temps, passant de 4h10 en 1997 à 3h10 (son PB) en 2012. Il maintient une forme remarquable, aidé par les séances de musculation auxquelles il s’astreint avec constance tout au long de l’année ainsi que par son entraînement avec le Club : «J’ai toujours suivi ben sérieusement le programme, je veux être bon! » Bon, il l’est! Denis accumule les podiums dans sa catégorie d’âge depuis 2011, rivalisant avec son complice Gilles Lacasse.

Un de ses plus beaux souvenirs, Denis le vit à Toronto en 2011. C’est son anniversaire de naissance, il veut faire 3h15 et espère finir premier de sa catégorie. À ses côtés se tient son idole Ed Whitlock qui, à 80 ans, veut courir … 3h15. Ed Whitlock, malheureusement décédé en 2017 à l’âge de 86 ans, détient le record mondial sur marathon pour les 70 ans et plus, courant 2h54 à l’âge de 73 ans.

« Après la moitié, j’avais le vent dans le dos et je me sentais bien. J’ai augmenté la cadence de 10 secondes et j’ai perdu Ed. » Une dizaine de kilomètres plus loin, Denis paye pour son excès de vitesse et doit ralentir. Le lapin de 3h15 le dépasse : « Avec le lapin, qui je vois, Ed Whitlock! J’ai rentré en 3h17 (premier de sa catégorie 60 ans) et Ed en … 3h15! »

Denis est un des rares coureurs du Club qui a participé sans interruption au marathon des Deux-Rives, jusqu’à ce que sa séquence soit stoppée en 2015 alors qu’une blessure sévère à la hanche le force à l’inactivité. Pour la deuxième fois au cours de sa vie de coureur, un médecin (en médecine sportive celui-là) lui dit qu’il doit songer à arrêter de courir, qu’il n’a plus d’avenir comme coureur.

Denis n’en reste pas là. Le second médecin qu’il consulte est moins catégorique. Il lui propose une infiltration mais le prévient que le soulagement pourra être de courte durée. Denis ne l’a pas revu depuis! Et la piqure pour la course à pied? « Elle est toujours là! J’aime encore courir des marathons, j’aime l’ambiance avant les courses, j’aime faire l’entraînement qui va avec les marathons! »