D’entrée de jeu, Louis indique qu’il va régler le sujet de la course à pied en trois minutes. « Ce que tu pourrais faire, c’est pas parler de course pantoute. L’important, c’est qui je suis! Je n’ai pas grand’chose à cacher », rigole Louis.
Louis est originaire de Montréal. Après ses études collégiales, il suit sa famille dans les Prairies, à Winnipeg, où il complète un baccalauréat en zoologie. « Au début, je voulais être vétérinaire. »
Après quelques années dans l’Ouest, sa famille déménage à nouveau à Toronto. Louis ne suit pas. Il fait une demande d’admission à l’école vétérinaire de Saskatoon, sa demande est refusée : « Leurs besoins étaient pour les gros animaux (vaches, chevaux); moi je voulais soigner des chiens, des chats ! »
Il revient alors à Montréal et prend contact avec la fille avec qui il avait sorti au Cégep et qui deviendra plus tard sa femme et la mère de ses deux enfants.
Étudiant libre, son cheminement scolaire est chaotique. « Je ne voulais pas lâcher l’école, j’aimais l’école et je voulais ajouter des diplômes. » Mais il fréquente le bar Le Clandestin de l’Université de Montréal plus assidûment que ses cours.
Puis, dans un cours de biotechnologie, il a un déclic. « Ils parlaient d’ADN recombinant (sic), je voyais du potentiel là-dedans. »
Sa blonde travaille déjà comme dessinatrice de mode. Louis doit lui faire part de son illumination : « J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle, je sais ce que je veux faire dans la vie. La mauvaise, j’en ai encore pour une dizaine d’années à étudier. QUOI, rugit la blonde de Louis! »
Après une mise-à-niveau en microbiologie à l’UdeM, Louis complète une maîtrise en virologie à l’Institut Armand-Frappier, où il travaille sur le vaccin pour le VIH, ainsi qu’un doctorat à l’hôpital Ste-Justine. « Mais après ça, ça prenait un post-doctorat! Je me suis trouvé un contact aux États-Unis, dans la région de Washington. »
Une semaine avant de quitter, Louis vérifie qu’il a en main tous les papiers qu’il faut, incluant un visa de travail. Il réalise alors qu’il a besoin d’un certificat de mariage, sinon sa blonde ne pourra pas travailler. Il fait alors la grande demande : « Ma blonde m’attendait dans le parking. Entre deux allées d’autos, je me mets à genoux : Veux-tu m’épouser? »
Après avoir réussi à obtenir un certificat de mariage en une semaine, ce qui ne fut pas simple, Louis et sa petite famille (car entretemps leur fille était née « dans le péché ») déménagent en banlieue de Washington. « On a braillé quasiment tout le long du voyage. On laissait tout derrière nous, c’était l’inconnu. »
Après une année et demie à travailler pour Robert Gallo, éminent chercheur américain en immunologie et virologie, ce dernier quitte pour fonder l’Institut de virologie humaine à Baltimore. Il demande à Louis de le suivre.
Nouveau déménagement dans un quartier difficile en banlieue de Baltimore. Peu de temps après son arrivée, Louis reçoit une offre alléchante pour être professeur à l’université du Maryland. Mais sa femme vient d’accoucher de son deuxième enfant. Elle s’ennuie à mourir. « Moi, ça allait super bien mes affaires. Mais pour le bien de la famille, j’ai pris la difficile décision de partir. »
C’est dans ce contexte que Louis revient au Québec, ici, à Québec. « Un de mes chums à la maîtrise était venu s’échouer ici. » Évidemment, l’expression « s’échouer ici », venant d’un gars de Montréal par-dessus le marché, n’a pas passé et a donné lieu à une urgente demande d’explications. « J’avais des offres à Montréal également. Écoute, on retournerait jamais ailleurs. On a été bien accueilli. Pour élever la famille, ça été parfait. Bonnes écoles, bon « neighborhood (sic). On est bien intégré, on adore ça. » Ses explications paraissent sincères. Quant à son intégration, il lui reste peut-être à parfaire son français! (on dit un quartier, Louis, pas un « neighborhood »)
Ce n’est qu’après son arrivée à Québec que Louis se met à la course à pied. En 2003, il accompagne son bon ami Ricky Fontaine au demi-marathon des Deux-Rives. « C’est lui qui m’a initié à la course à pied. »
L’année suivante, Louis court son premier marathon à Burlington. Il finit en 4h30, course-marche. Par la suite, c’est blessure après blessure. « Je m’entraînais un peu n’importe comment. » Un de ses collègues de travail membre de LF, Maurice Dufour, l’invite à joindre les rangs du Club. Évidemment, à partir de là, ses temps s’améliorent.
Depuis ses débuts, Louis a couru 7 marathons, incluant quatre Major. « Il me manque deux Major. Après ça, j’arrête le marathon. »
En 2012, Louis se met au triathlon. « J’étais un peu gazé de la course à pied! » Il a depuis participé à 8 demi-Ironman et, en 2015, il complète un premier Ironman. « Je m’enligne pour en faire un deuxième en 2020. C’était la canicule à Tremblant en 2015, j’aimerais ça en faire un dans des bonnes conditions. »
À l’automne 2019, Louis accompagne pour une troisième fois son ami Ricky à l’ultra-marathon d’Atacama, une course de 250 km en autonomie dans le désert de l’Atacama au Chili.
Comme autre loisir, Louis adore la pêche. « As-tu vu la photo de mon saumon de 30 livres? » s’excite Louis. Il me raconte. En 2012, Louis participe à une levée de fonds pour le Société de leucémie et lymphome du Canada. « Mon voisin de bureau, un bon chum, avait un diagnostic de leucémie. Dans le cadre du programme TNT (« Team and Training »), tu ramasses de l’argent pour la cause et tu vas aller faire un voyage pour participer à une course. Tu pouvais aller faire le marathon de l’Alaska si tu ramassais assez d’argent. Moi, je voyais tout de suite le jumelage Levée de fonds – Marathon – Pêche au saumon. »
Louis amasse plus de 10 000 $, notamment grâce à une activité « Hot-dog » tenue au IGA Les Sources avec la participation de quelques membres du Club. Il court le marathon d’Alaska en compagnie de Ricky (encore lui) et de trois filles membres de LF. « C’était un peu émouvant. J’ai fait un montage et je suis allé mon chum avec ça après. Il est mort quelques mois plus tard. »
Le surlendemain du marathon, avec Ricky, il prend l’hydravion et s’en va pêcher le saumon en rivière. Après un combat qui dure 30 minutes, il sort son fameux saumon de 30 livres, dont il cherche encore la photo.
En dehors de ses nombreuses activités sportives, Louis travaille comme professeur de la faculté de médecine à l’université Laval. En plus de l’enseignement magistral, il dispense aux étudiants gradués de la formation dans le cadre de projets de recherche conduits dans son laboratoire, soumet des projets de recherche à des organismes subventionnaires et écrit des articles scientifiques faisant état des résultats de ses recherches. Sa spécialité : « Le virus herpès, mon homme! Il y a neuf types d’herpès. La varicelle, c’est un des neuf. Le zona, c’est le même type d’herpès qui ressort quand tu es plus vieux. Moi, je travaille sur le no 6 (virus d’Epstein-Barr). »