PORTRAIT D'UNE COUREUSE - JOSÉE AUBIN

Un néophyte arrive dans le Club. Il ne comprend rien au charabia du coach. Il a besoin d’un guide pouvant l’orienter. Quel mentor peut-on lui assigner?

Josée Aubin est assurément un bon choix, un modèle qui inspire d’ailleurs plusieurs membres du Club.

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Jeune, Josée est plus ou moins active. Cependant, elle aime la course à pied et se découvre un certain potentiel, même si elle n’a pas le physique de l’emploi. « J’étais la toutoune de la famille! »

À l’école secondaire, elle remporte la médaille d’argent au 1000 mètres. À son retour à la maison, remplie de fierté, elle ne reçoit pas l’encouragement attendu : « Ça ne devait être très fort », lui dit son frère.

Après ses études secondaires, Josée quitte son Abitibi natale pour poursuivre ses études à Québec. Au Cégep, elle court occasionnellement mais « toutoune continue d’être toutoune », rigole-t-elle. Peu de temps après son admission à l’Université Laval en biologie, elle perd sa motivation pour la course à pied.

Durant les quinze années qui ont suivi la fin de son cours universitaire, elle travaille dans le domaine de la recherche biomédicale. Côté activité physique, elle fait un peu de randonnée mais rien de cardio. Et pas de course à pied.

Elle retourne ensuite aux études pour amorcer un doctorat. Elle décide de se remettre en forme et s’achète une paire de running. Ils resteront dans leur boîte durant quatre ans, jusqu’à ce qu’elle s’exile à Seatle pour entreprendre son post-doctorat.

À Seatle, elle décide à nouveau de se remettre en forme (c’est vrai cette fois). Elle demeure au pied d’une côte assez abrupte et s’obstine à débuter ses sorties de course tout au bas de la course. « J’étais en train de m’écœurer et je voulais tout lâcher! »

Lors d’une dernière tentative, en montant la côte, elle croise une femme dans la soixantaine dans une forme magnifique qui lui sourit. « C’est là que j’ai décidé que je voulais avoir l’air de ça à 60 ans. »

À partir de ce moment, Josée ne s’est plus jamais remise en question.

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De retour à Québec en 2005, Josée court maintenant régulièrement. Elle est vite capable de courir une heure en continu. Mais elle réalise qu’elle a besoin de s’hydrater durant ses entraînements. On lui conseille d’aller au Sports Experts du PEPS où on lui parle des fameux « samedis à Jacques », auxquels elle sera présente quatre samedis en ligne. Puis, sur l’invitation du gourou en personne, elle essaie le Club.

« C’est là que j’ai compris toutes les erreurs que j’ai faites. Je suis arrivée un mardi soir pour une séance d’intervalles, j’ai sué ma vie! Mais j’ai adoré! Je rêvais déjà de courir mon premier marathon. »

Très rapidement, méthodiquement, elle apprend, elle progresse. De sa première course de 10 km à Lévis, elle affirme que son seul objectif était de ne pas finir dernière. « Il y avait une personne en avant de moi qui alternait marche-course. À chaque fois que je la rattrapais, je me disais que j’allais finir avant elle. Je n’ai jamais été capable de la rattraper. Ça m’a fait comprendre que tu peux aussi marcher quand tu cours, ce que tu ne croyais pas au début. »

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Comprendre, c’est important pour Josée. Sa formation scientifique ressort. Elle lit beaucoup et tous les sujets y passent : l’adaptation physiologique, les filières énergétiques, la récupération, la musculation, la nutrition. « À chaque année, j’essaie de travailler un aspect de façon plus spécifique. »

« À travers mes lectures, je me suis vite rendue compte que Jacques, il est « sur la coche ». Car Josée n’est pas seulement à jour au niveau de ses connaissance théoriques, elle les applique. Et elle suit RELIGIEUSEMENT les conseils de Jacques.

« J’ai toujours fait confiance à ce que Jacques disait au niveau des principes d’entrainement. De saison en saison, il fait rarement la même chose. Quand tu regardes ce qui sort dans la littérature, les méthodes changent, les approches changent. Il est collé sur ce qui se fait. »

Avec les résultats qu’on connait.

Josée avoue être compétitive mais toujours par rapport à son potentiel, et non par rapport aux autres. Habituée des podiums, elle réalise en 2010 des PB de 1h34 sur demi et 3h19 sur marathon, cinq ans après son arrivée avec le Club.

Josée approche la soixantaine. Elle ressemble de plus en plus à cette femme qu’elle a croisée en montant « sa côte » à Seatle.

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Comme tout le monde, malgré toute la discipline dont Josée fait preuve, elle est exposée aux blessures. Un premier problème aux genoux découlant d’un déséquilibre musculaire l’a laissée sur la touche il y a de ça quelques années. La musculation, qu’elle pratique assidûment depuis 2009, a joué un rôle important dans son rétablissement.

Sa blessure la plus incommodante résulte d’une entorse sévère subie en 2018 … lors d’une chute dans un escalier! Elle est maintenant complètement rétablie.

Affirmer que Josée s’est rapidement intégrée au Club est un euphémisme. Après seulement un an, elle succède à Gilles Lacasse à titre de présidente du Club. « Mais j’avais une équipe extraordinaire avec moi. Quand j’ai laissé la présidence, j’avoue que je trouvais difficile de jouer à la police lors de nos sorties du dimanche. »

Elle a également adoré l’expérience de gestion qu’elle a vécue à titre de coordonnatrice de la défunte course organisée par le Club, La Galipote.

En novembre 2019, elle a fait bénéficier l’ensemble des membres du Club de l’expertise qu’elle a développée dans l’utilisation des montres de course Polar/Garmin, en donnant une formation très appréciée. « J’ai une formation scientifique, j’aime bien comprendre ce que je fais. La principale chose que la montre m’a obligée à faire, c’est ralentir. Elle m’aide à doser mes efforts et à planifier mon entrainement. »

Véritable métronome, Josée est vite devenue une référence. Ainsi, au fil des ans, plusieurs membres de LF se collent à elle pour leur entrainement ou pour réaliser la performance dont ils rêvent.

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En 2020, Josée a comme objectif principal de participer aux championnats mondiaux Masters qui auront lieu en juillet à Toronto. La planification de sa saison de course est en fonction de cet évènement. « Ensuite, j’irai à Berlin. Pour garder la motivation, ça prend toujours des objectifs, quels qu’ils soient. »

Josée travaille aux Fonds de recherche du Québec, en administration de la recherche. Un dossier qui la branche est celui de l’impact de la recherche. L’objectif est de développer un argumentaire qualitatif et quantitatif pour démontrer l’importance d’investir en recherche.

« La course à pied m’aide à conserver un équilibre. J’en ai besoin pour décompresser du travail. »

Depuis quelques années, elle fait du « Running Commute », qui consiste à se rendre et/ou revenir du travail à la course à pied. Ainsi, en faisant parfois un crochet par les Plaines d’Abraham ou le parc du Bois-de-Coulonge, elle court les sept kilomètres la séparant de sa résidence.